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Page:Nouvelles soirées canadiennes, juil & août 1883.djvu/50

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nouvelles soirées canadiennes

de prévoir toutes les conséquences. On fait la guerre à l’intempérance, on fait une grande dépense de forces et d’argent pour combattre certains abus que l’on considère comme des dangers qui menacent l’existence sociale, mais on ne semble pas comprendre que la grande, l’immense plaie des sociétés modernes, c’est la grève. C’est vers elle que doivent converger toutes les forces morales et légales, c’est à la détruire que doivent travailler tous ceux à qui leur position donne quelque pouvoir ou quelque influence sur le peuple. Sachons-le bien, la grève sera la source de tous nos malheurs.

Que ceux donc qui peuvent se faire entendre de l’ouvrier, se hâtent de lui ouvrir les yeux par tous les moyens possibles. Qu’ils lui représentent le mal qu’il fait aux autres, le mal qu’il se fait à lui-même. Qu’ils lui fassent toucher du doigt les criantes injustices qu’il commet sans s’en douter probablement. Mais, pour cela, qu’ils ne se contentent pas de faire des phrases et de rester dans les abstractions. Il faut non-seulement lui dire les choses, mais les lui faire comprendre.

Ainsi, les ouvriers ont-ils jamais songé que, lorsque cinquante d’entre eux demandent une augmentation de 10 ou 20 sous par jour, cela fait pour le patron un retranchement de 5 et 10 piastres par jour. C’est souvent tout son bénéfice et, à certaines époques de stagnation, c’est plus que