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les associations ouvrières et les grèves

son profit quotidien. Cette minime augmentation parait insignifiante si on la considère dans chaque individu, mais elle devient énorme quand on la multiplie par le total des ouvriers. Elle suffit souvent pour amener la gêne et même la ruine d’une fabrique. Il y aurait lieu de faire le même calcul sur le retranchement dans les heures de travail, qui peut suffire pour désorganiser complètement l’économie intérieure d’un atelier. L’ouvrier a-t-il de plus songé que, s’il a le droit de s’abstenir de travailler, il n’est pas maître du travail d’autrui ; que le travail est une marchandise comme une autre, et qu’il trouverait dur, sans doute, qu’un épicier, qui refuserait de lui vendre une livre de sucre à moins de dix sous brûlât la boutique de son voisin par ce que ce dernier trouverait convenable de lui vendre une livre de sucre à huit sous. D’un autre côté, si l’ouvrier a le droit de ne pas travailler, est-il relevé de l’obligation qu’il a contractée envers sa famille ? Ses enfants n’ont-ils pas droit au produit de son travail quotidien ? Cela est tellement vrai, que non-seulement les lois divines, mais les lois humaines mêmes les tiennent responsables de cette obligation.

Encore un autre point sur lequel les ouvriers n’ont pas réfléchi. C’est que, dans la plupart des cas, ils quittent l’ouvrage sans avoir donné au patron un avis qui le mette en mesure de les remplacer en temps utile. C’est ce qui est arrivé lors de la dernière grève des agents du télégraphe. Non-seule-