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Page:Nouvelles soirées canadiennes, juil & août 1883.djvu/54

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À TRAVERS LES RONCES.

(Fragments d’un journal intime.)


À Madame S. S.,



Vous m’avez dit souvent que toute étude de l’âme vous intéressait. Voilà ce qui m’engage à vous communiquer quelques fragments d’un journal intime que des circonstances un peu singulières m’ont mis entre les mains.

Mais, chère amie, il ne faut s’attendre à ce qui fait le charme du roman. Je vous le dis d’avance, il n’y a là que les pensées d’une femme dont la vie a été singulièrement aride et monotone. Ainsi ne comptez ni sur la poésie de l’amour, ni sur la poésie de la douleur.

Malheureuse d’abord dans sa famille, malheureuse ensuite dans son mariage, Valérie B… n’a guère connu que les petits chagrins et la misère de vivre toujours sans sympathie et sans joie ; elle n’a eu qu’à triompher d’elle-même pour se résigner à une vie plus triste et plus terne que la vie ordinaire.