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à travers les ronces

de l’élévation. Est-ce vrai ? Ce qui est sûr, c’est que sur la terre, les grandes ailes sont parfois un empêchement, et l’oiseau le plus puissant au vol,[1] celui qui trouve le calme par-dessus la région des orages et des tempêtes, périt souvent misérablement parce que pour s’enlever, il lui faut beaucoup de vent ou un endroit élevé.


10 juillet. – Restée longtemps à regarder la mer. On dit que le cœur chrétien devrait être comme la mer, au fond toujours calme si troublée qu’elle soit à la surface. Pour moi le calme est à la surface et le trouble est au fond.


15 septembre. – Je n’ouvre pas souvent mon cahier. Qu’y mettrais-je ? Mes jours se ressemblent comme des grains de poussière, et je n’ose pas souvent regarder dans mon cœur. Plus la vie est triste et monotone, plus les troubles du cœur y sont dangereux : le vent brûlant, redoutable toujours, ne l’est jamais autant que lorsqu’il soulève les sables arides du désert.


27 septembre. – Il y a des excès de sensibilité que la raison réprouve sévèrement, mais la fâcheuse n’est pas toujours écoutée. La modération répugne tant – du moins à certains moments.

J’envie les gens fortement occupés, ceux que l’action arrache à eux-mêmes. De combien de tristesses ne sont-ils pas préservés ?

  1. La frégate.