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nouvelles soirées canadiennes

Lorsqu’on surabonde de force et de vie, il est dur de n’avoir rien à faire qui prenne l’esprit ni le cœur. Et quand on souffre autant de la réalité, comment ne pas se laisser entraîner souvent dans le beau pays des songes ? Je sais que ce n’est pas sage. On revient toujours plus faible et troublée de ces beaux voyages. Mais on échappe à l’ennui comme on peut. D’ailleurs, parce qu’on a toujours marché dans une route aride, s’en suit-il qu’il n’y a pas de doux sentiers… de doux sentiers verts et sombres où l’on a de la fraîcheur et du soleil ?

Faut-il nécessairement que l’avenir ressemble au passé ?




(Quatre ans d’intervalle.)


20 août. – Feuilleté par hasard mes cahiers de jeune fille.

Voilà longtemps que j’écrivais ces lignes. Depuis ma vie a bien changé et… je commence à croire que l’avenir pourrait bien ressembler au passé.

Triste pensée ! mais à quoi servent les illusions ? Pourquoi toujours les garder ? toujours les nourrir ? Et combien les plus chères sont à jamais fanées, décolorées ! Je le sens encore plus ici qu’ailleurs, il semble. Tout m’y rappelle si vive-