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Page:Nouvelles soirées canadiennes, juil & août 1883.djvu/73

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à travers les ronces

bien loin, quand le sursum corda a frappé mon oreille distraite. J’en ai ressenti une émotion profonde, un ébranlement puissant et délicieux.

Mais la couleuvre voleuse, comme disent les Indoux, a bien fait son œuvre et, à part ces moments où la grâce nous soulève, l’amour de Dieu nous répugne.

Ce n’est pas, dit l’Imitation, ce n’est pas sans beaucoup de peines et de combats qu’on parvient à mettre en Dieu seul ses affections.


31 octobre. – Un bon prêtre m’a dit : Vous n’avez plus d’illusions, cultivez l’espérance.

Parole que j’aime. Mais qui donc songe au ciel ? Il semble que ce qui n’est pas fugitif, périssable et borné, n’est pas digne de nos pensées.

Pourtant, ce soir, à genoux dans l’ombre de l’église, je pensais à la fête de demain, je pensais à cette tendre et puissante fidélité de Dieu qui nous a promis une part de son propre bonheur, et un sentiment d’inexprimable douceur me faisait pleurer.

« La clef du ciel, c’est la prière
Et Dieu l’a mise dans ma main. »


1er novembre. – L’espérance a des clartés magnifiques, elle a aussi des ombres bien profondes, mais ces ombres sont pleines de charmes. Cet invincible