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Page:Nouvelles soirées canadiennes, juil & août 1883.djvu/90

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nouvelles soirées canadiennes

dans les frêles éclosions des nids. La terre fermente, frémit et se dilate sous les chauds rayons qui la vivifient. Les milliers d’insectes ailés que chaque jour voit naître et mourir, remplissent les airs de leurs rumeurs indécises. Toute la création semble enveloppée de lumière et d’harmonie. Il se dégage de la nature vivante ou inanimée dont l’œuvre mystérieuse s’accomplit sous nos yeux, je ne sais quelle impression de calme majestueux. de sérénité glorieuse, et en même temps d’activité puissante. L’âme s’élève et s’emplit d’un sentiment de quiétude, de recueillement, d’admiration silencieuse dont rien ne saurait rendre le charme profond.

Hélas ! Et toutes ces beautés se flétrissent, toute cette lumière pâlit, toutes ces harmonies s’évanouissent, toute cette vie surabondante touche au terme fatal. Sans doute il y aura renaissance et renouvellement, car la nature est immortelle. Mais nos impressions ont-elles le même privilège  ? L’an prochain, la solitude des champs aura-t-elle pour nous les même attraits ? Les couchers de soleil nous plongeront-ils dans le même ravissement ? Les flots nous parleront-ils le même langage ? Ce jeu de lumière sur le flanc lointain des Laurentides, le reverrons-nous jamais comme nous l’avons vu un soir, et si nous le revoyons, produira-t-il en nous la même impression intime, nous donnera-t-il les mêmes émotions enthousiastes ? Qui peut se promettre de retrou-