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chronique

ver dans l’avenir ses joies et ses ivresses passées ; qui peut être assuré de revoir sous le même jour et dans le même éclat les objets et les lieux qui ont une fois remué l’âme et fait battre le cœur ? Ils sont bien profondément vrais ces vers de Victor Hugo.

Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !
Nature au front serein, comme vous oubliez !
Et comme vous brisez dans vos métamorphoses
Les fils mystérieux où nos cœurs sont liés !

Dieu nous prête un moment les prés et les fontaines,
Les grands bois frissonnants, les rocs profonds et sourds,
Et les cieux azurés ; et les lacs et les plaines,
Pour y mettre nos cœurs, nos rêves, nos amours !

Puis il nous les retire. Il souffle notre flamme.
Il plonge dans la nuit l’antre où nous rayonnons,
Et dit à la vallée, où s’imprima notre âme,
D’effacer notre trace et d’oublier nos noms.

Mais je m’aperçois que je sors du genre chronique. Je disais donc que les vacances sont finies. Elles sont finies pour tout le monde, car maintenant tout le monde prend plus ou moins des vacances. Les élèves des couvents et des collèges achèvent d’essuyer leurs dernières larmes avant de se remettre sérieusement à l’œuvre. Les avocats secouent la poussière de leurs dossiers, et se préparent à