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LA NATURE

de tous genres qu’on y rencontrait. Ils demandèrent au Maître la permission de dormir une nuit dans le temple et de suivre durant quelques jours ses leçons. Ils obtinrent ce qu’ils désiraient, et se réjouirent profondément en voyant comme le Maître savait orner leur récit de remarques variées tirées des trésors de son expérience, et déroulait sous leurs yeux une série d’anecdotes et de descriptions belles et instructives. Il parla enfin de la mission réservée à son âge, qui est d’éveiller en de jeunes âmes le sens de la Nature, de l’y exercer, de l’y aiguiser et de le relier aux dispositions qui promettent des fleurs et des fruits plus sublimes.

C’est une mission admirable et sacrée, dit le Maître, que d’être un annonciateur de la Nature. Il ne suffit pas de posséder l’ensemble et l’enchaînement des connaissances diverses, il ne suffit pas d’avoir le don de rattacher facilement et clairement ces connaissances à des concepts et à des expériences connus, et de remplacer les mots dont le son semble étrange par des mots ordinaires ; il ne suffit même pas que l’habileté d’une riche imagination puisse réduire les phénomènes de la Nature en une série d’images aisément saisissables et avantageusement éclairées, images qui, par le charme de leur enchaînement ou les trésors qu’elles contiennent, éveillent et satisfont l’attention, ou ravissent l’esprit par le sens profond qu’elles renferment. Non, tout ceci ne répond pas encore à ce qu’on exige du véritable inquisiteur de la Nature. Lorsqu’il s’agit d’autre chose que la Nature, cela suffit peut-être,