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FRAGMENTS

Le désir de savoir est étrangement mêlé ou composé de mystère et de science.

La logique ordinaire est la grammaire de la langue supérieure ou de la pensée. Elle contient simplement les relations des concepts entre eux, la mécanique de la pensée, la pure physiologie du concept. Les concepts logiques sont entre eux comme les mots sans pensée. La logique s’occupe uniquement des corps morts de la philosophie. La métaphysique est la pure dynamique de la pensée, elle traite des forces pensantes originelles, elle s’occupe de l’âme de la philosophie. Les concepts métaphysiques sont entre eux comme les pensées sans mots.

Souvent l’on s’étonna de l’imperfection persistante des deux sciences, chacune d’elles allait son chemin, et rien ne concordait. Dès l’origine, on chercha à les unir, car tout en elles annonçait la parenté. Mais toute tentative échoua, parce que l’un des deux souffrait toujours de cette union et y perdait son caractère essentiel. On en resta à la métaphysique logique et à la logique métaphysique, mais aucune d’elles n’était ce qu’elle devrait être. Il n’en alla pas mieux de la physiologie et de la psychologie, de la mécanique et de la chimie. En la seconde moitié de ce siècle se produisit ici une inflammation plus violente que jamais. Les masses ennemies s’entassèrent plus énormément les unes contre les autres ; la fer-