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FRAGMENTS

mentation fut extraordinaire et il s’ensuivit de puissantes explosions. À présent, quelques-uns prétendent qu’il s’est produit quelque part une véritable interpénétration, que le germe de l’union vient d’éclore, qui peu à peu grandira et formera de tout un tout indivisible, que le principe de la paix éternelle s’étend irrésistiblement de tous côtés, et que bientôt il n’y aura qu’une science comme il n’y a qu’un prophète et un Dieu.

Le scolastique est le penseur brut et discursif. Le véritable scolastique est un subtiliste mystique. Il construit son monde d’atomes logiques, il anéantit la nature vivante pour mettre à sa place l’œuvre artificielle de la pensée. Son but est un automate infini. Son contraire est le poète brut et intuitif, celui-ci est un macrologue mystique. Il hait la règle et la forme fixe. À la place de celles-ci règne dans la nature une vie sauvage et violente. Tout est animé. Aucune loi. Caprice et miracle partout. Il est uniquement dynamique. C’est ainsi que l’esprit philosophique se meut d’abord en deux masses absolument séparées. Au second degré de culture, les masses commencent à se toucher de diverses façons ; et de même que de la réunion d’extrêmes infinis, naît le fini, le limité, naissent également d’innombrables éclectiques : l’époque des malentendus commence. Le plus limité est, ici, le plus important, le plus pur philosophe du deuxième degré. Cette classe est toute bornée au monde réel, actuel, au