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FRAGMENTS

le résultat de l’emploi incomplet et défectueux de cette faculté. Il lui paraît plus que probable que la cause de cette imperfection est la faiblesse de l’imagination productive qui ne peut pas, au moment où elle passe de l’une à l’autre partie, continuer à planer et à contempler. La complète représentation de la véritable vie spirituelle élevée à la conscience par cette méditation est la philosophie Κατ’εξοχην : ici naît cette réflexion vivante qui par une culture soigneuse s’éploie, d’elle-même, par la suite, en un univers spirituel infini, noyau et germe d’une organisation qui contient tout. C’est le commencement d’une véritable auto-pénétration de l’esprit qui ne finit jamais.

Les sophistes sont des hommes qui, attentifs aux faiblesses des philosophes et aux fautes de l’art, cherchent à les utiliser à leur profit ; ou dans quelque but méprisable et aphilosophique. Ils n’ont donc rien de commun avec la philosophie. S’ils sont foncièrement aphilosophes ; il faut les considérer comme ennemis de la philosophie et les traiter comme tels. La classe la plus dangereuse est celle des sceptiques par pure haine de la philosophie. Les autres sceptiques sont partiellement fort dignes de considération. Ce sont les avant-coureurs de la troisième période. Ils ont le don de distinction vraiment philosophique, et il ne leur manque que quelque force spirituelle. Ils ont la capacité nécessaire, mais non la force s’incitant elle-même. Ils sentent l’insuffisance des