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Scène IV

BALABRELOCK, KASNOISEFF.
KASNOISEFF.

Comme tout est calme !

BALABRELOCK.

La population est tranquille. J’ai profité de l’occasion pour conseiller à notre hospodar, le gouverneur de cette ville, de lancer un petit décret pour augmenter les impôts ! On va tambouriner ça d’un moment à l’autre !

KASNOISEFF.

Excellent idée ! Oh ! vous êtes un fin politique ! un grand ministre ! Je me suis même demandé souvent comment on ne vous avait pas élevé à la dignité d’hospodar !

BALABRELOCK.

Vous êtes bête ! Les hospodars passent, les ministres restent. Cela est à considérer, ici surtout où la population est d’une versatilité !… Pour un rien… vlan ! Elle démolit son gouvernement.

KASNOISEFF.

Pourquoi les gouvernants ont-ils des peuples ?

BALABRELOCK.

S’ils n’en avaient pas, cela simplifierait tout. Il ne devrait même y avoir que des ministres. Mais enfin ça n’est pas comme ça ! Il y a un hospodar, il y a un peuple ! Le peuple renverse l’hospodar. Quand il est renversé, le grand khan, le maître à tous, arriver comme une trombe ; il nomme un autre hospodar, et voilà ! J’ai déjà vu ce manège-là vingt-sept fois.

KASNOISEFF.

Et vous avez toujours gardé votre place ?

BALABRELOCK.

Que voulez-vous ? J’ai les femmes pour moi ! Je le sais par toutes celles que j’épouse ! À chaque révolution j’en légitime une qui se dévoue pour me sauver !

KASNOISEFF.

Alors… ça fait vingt-sept femmes ?