Page:Nuitter et Tréfeu - La Princesse de Trébizonde, 1870.djvu/23

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ennuyé ! que dirait le prince, mon maître, s’il savait que sa progéniture n’est plus sous mon aile… — Avec ça qu’il n’est pas d’un caractère commode, le prince, mon maître. (Il regarde de tous côtés.) C’est que pour un rien, il vous casse sa canne sur le dos… J’en sais quelque chose ! L’enfant ne peut être bien loin. Et puis j’ai foi dans cette naïveté profonde que je suis chargé d’entretenir. (Au public mystérieusement.) Le prince, mon maitre, m’a dit un jour : Sparadrap (c’est mon nom), je te confie mon fils. Il est fiancé à une jeune princesse et je tiens absolument à ce qu’il l’épouse, si mon fils conserve sa candeur jusqu’au moment du mariage, tu auras quinze cents livres de rente et un bureau de tabac !… Si mon fils a une amourette sans conséquence tu auras le bureau sans la pension, mais si mon fils se met à cocotter… je te flanque à la porte ! Et depuis ce temps, je veille sur la jeune âme qui m’a été confiée ; je fais tout ce que je peux pour l’abêtir ; je lui cherche des distractions calmes. C’est pour cela que je l’ai amené dans cette fête foraine, et au moment où je le croyais à côté de moi…


Scène IX

SPARADRAP, RAPHAEL.

Raphaël arrive portant une petite cage dans laquelle il y a deux tourterelle.

RAPHAEL.

Ah ! mon vieux Sparadrap, te voilà ! je te cherchais partout, où donc étais-tu passé ?

SPARADRAP.

C’est moi qui vous adresserai cette question. D’où vient que vous vous êtes ainsi égaré ?

RAPHAEL.

J’ai regardé toutes les boutiques ; et puis… (Montrant la cage.) Tu vois bien ce qu’il y a là dedans.

SPARADRAP.

Deux tourterelles…

RAPHAEL.

Elles sont gentilles, n’est-ce pas…

SPARADRAP.

Sans doute… mais.

RAPHAEL.

Eh bien… c’est tout une histoire…