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l'esthétique. Cette mode était vertement critiquée dans la Décade philosophique. « Ce sont sans doute des nourrices ; voyez comme leurs seins- se projettent ! Non, ce sont de trèiS jeunes personnes qui cherchent des maris ; toutes ont l'air de faire ainsi gonfler les plis de leurs robes ». (Dr Quercy, la Pathologie de la Révolution}.

Sous le Directoire, ces seins postiches qui font fureur s'appellent des « suppléans ». Leur mode persista pendant le Consulat. La gravure de l'époque ici reproduite est accompagnée de cette légende :

LE MARCHAND
(Air : On compterait les diamans).
Ils sont au juste de cent francs;
A moins, je ne puis vous les vendre.
J'en fais tant que, depuis longtems,
Je ne sais à quelle entendre
Fermeté, blancheur, rondeur.
Ils ont ce qui manque à mille autres,
Ils vous feront bien plus d'honneur,
Que ne vous en ont fait les vôtres.
LA DAME
(Même air).
Oui, pour ce genre, j'en conviens,
Vous avez la main sans pareille,
Car ces deux-ci que je retiens
Sans doute m'iront à merveille.
Avec surprise, mon mari,
Ce soir verra leur attitude
Mais avec moi, ce tendre ami,
Des suppléans a l'habitude.

C'est l'anglomanie qui corrigea l'audace des merveilleuses que leurs excentricités avaient fait, appeler, des impossibles, en leur appo-rtant des vêtements qui les couvrent au lieu de les découvrir, de véritables châles qui n'étaient plus des écharpes, des redingotes et des spencers (Racinet.)

Les modes furent si changeantes de 1795 à 1799 que Mercier lui-même disait :

« Il y a peu de jours, la taille des femmes illustres se dessinait en coeur: actuellement celle des corsets sei termine en ailes de papillons dont le sexe semble vouloir en tout se rapprocher et qu'il prend le plus souvent pour modèle. »

Ainsi, à l'époque même où le corset sernbla.it banni du costume féminin, les femmes disposaient encore leur vêtements de telle façon que leur taille fut serrée et comprimée!