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INTRODUCTION



Il est de règle qu’une question vivement controversée amène ceux qui la discutent à émettre des opinions aussi extrêmes que contraires et cela d’autant plus facilement que pour faire adopter leurs idées les adversaires ne craignent pas d’en exagérer l’expression.

La question du corset a subi cette loi ; elle a depuis longtemps suscité des discussions ardentes, provoqué des opinions passionnées, donné naissance à de vives polémiques et au total n’a jamais été résolue.

Aucun des avis donnés ne saurait en effet prévaloir ; d’abord pour cette raison générale qu’une opinion extrême et passionnée dépassant le but qu’elle veut atteindre, manque de justesse ; pour cette raison particulière ensuite qu’en l’espèce qui nous occupe, ces opinions extrêmes et passionnées étant intéressées manquent de justice.

Tandis que les uns, au nom de l’hygiène et de la physiologie, proscrivent le corset ; que les autres, au nom de l’élégance, en vantent l’usage ; d’autres plus pratiques, aux noms réunis de la médecine et de la mode, rejettent l’emploi de tout corset qui n’est pas celui de leur invention.

Est-il donc extraordinaire que se plaçant à des points de vue aussi différents : le médecin n’envisageant que la question scientifique, le corsetier ne voyant que les exigences de la coquetterie, le créateur ou la créatrice d’un modèle ne considérant que son invention n’aient pu parvenir à s’entendre ? L’accord entre les parties cantonnées chacune dans ses retranchements n’est possible, nous le verrons, qu’au prix de concessions mutuelles, non de complaisance mais justement autorisées.

Et non seulement ceux qui ont pris jusqu’ici position dans la question du corset l’ont envisagée de façons diverses et contraires, mais encore ils l’ont discutée en partant le plus souvent d’un point de départ faux puisqu’ils ont maintes et maintes fois confondu l’usage avec l’abus.