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dination des symptômes dans la neurasthénie, trois, ai-je écrit déjà, restent en regard : la théorie gastrique (Bouchard), la théorie de l’entéroptose (Glénard), la théorie nerveuse (Beard, Charcot).

D’après la première, tous les troubles seraient subordonnés à la dilatation et à la stase gastrique et à l’auto-intoxication qui en résulte. D’après la seconde, tout dépendrait d’un changement dans la situation des viscères abdominaux : intestin, rate, foie, reins, etc. La troisième est celle qui nous paraît la plus rationnelle, étant donné qu’elle explique facilement tous les symptômes grâce à la présence d’une lésion dynamique primordiale du système nerveux cérébro-spinal. Ce n’est pas à dire pour cela que l’auto-intoxication et la viciation de la nutrition résultant des troubles gastro-intestinaux, que le relâchement des organes abdominaux atoniques ne jouent aucun rôle, tant s’en faut ; mais pour démontrer l’autre manière de voir, il faudrait prouver, dans tous les cas, la préexistence des troubles gastriques ou de l’entéroptose ce qui n’est nullement acquis. Et d’ailleurs, comment expliquer alors ces cas bien démontrés dans lesquels à la suite d’une émotion, d’un traumatisme, évoluent simultanément les troubles nerveux et dyspeptiques.

Enfin, en dernière analyse, les résultats de la thérapeutique dans les cas curables sont là pour montrer l’insuffisance du traitement exclusivement gastrique et de la ceinture de Glénard. Au contraire, là où la guérison est possible, le traitement nerveux réussit admirablement (Dr  Georges Guinon).

Ainsi donc — c’est l’avis auquel je me range — on ne saurait attribuer d’une façon exclusive la neurasthénie à une cause unique ; le fonctionnement de l’estomac, la situation des viscères abdominaux, l’état nerveux peuvent concourir, dans des proportions diverses et variables, à engendrer la neurasthénie ; le corset ne saurait donc être le coupable unique.

Mais, s’il est coupable, en quoi l’est-il ? Il l’est en intervenant comme agent producteur possible de l’entéroptose, ce qui ne veut pas dire qu’il soit le seul agent producteur de l’entéroptose.

« La première remarque qui frappe, dit M. Glénard, dans l’étude de l’entéroptose, c’est l’extrême fréquence de cette maladie chez les femmes. Sur trois femmes qui se plaignent, de dyspepsie ou de névropathie une est atteinte d’entéroptose. En outre, cette maladie est beaucoup plus fréquente chez les femmes que chez les hommes ; sur cinq