Page:O'Followell - Le corset, 1908.djvu/303

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Je voudrais que les femmes soient bien pénétrées des principes et des explications que je viens de donner, elles sont le résultat non pas de ma seule expérience personnelle, mais mieux encore de celle de médecins distingués et de corsetières intelligentes.

Malheureusement je n’ai pas seulement à lutter et avec moi ceux qui ont déjà combattu ce bon combat contre l’ignorance de la femme en la matière, mais contre la routine de certaines corsetières, et il faut bien le dire contre la sottise masculine.

D’abord la routine. Que de corsetières en effet n’admettent ni un conseil, ni une indication quand cette indication provient d’un concurrent, quand le conseil est donné par son médecin. On peut comprendre à la rigueur qu’une corsetière prône exclusivement ses modèles les vantant à sa clientèle comme excellents ; mais ce que je ne saurais admettre, ce sont des réponses telles que les deux suivantes et qui peuvent être citées comme deux modèles du genre.

Désirant un jour me rendre compte au point de vue médical des mérites d’un corset, je priai son inventeur de m’en montrer un type ; une ouvrière apporta un corset et la corsetière de chanter les louanges de sa création et de terminer par ces mots : du reste à Paris, il n’y a pas en dehors de moi une seule maison qui sache réussir un corset. Tous les corsets autres que le mien ne signifient rien.

Et combien de réclames lancées dans le public ne sont pas moins prétentieuses !

Et combien sont rares ceux qui osent écrire avec simplicité et modestie en décrivant un de leurs modèles : « Nous n’avons pas la prétention en présentant un corset type de le proclamer comme le seul bon, le seul capable de réunir les qualités demandées ; nous sommes cependant convaincu que nos efforts n’auront pas été vains ».

La deuxième réponse est encore bien typique. Une fois une malade va chez une corsetière avec une lettre de son médecin renfermant quelques indications sur la forme que devait avoir le corset en raison de la santé de la cliente.

La corsetière jette un coup d’œil sur la prose médicale et conclut : laissez-moi faire, je vous ferai le corset qui vous est nécessaire, votre médecin n’y connaît rien. Ai-je besoin d’ajouter que justement surprise, la malade se retira sans passer sa commande.

Est-ce à dire que pour faire un bon corset il soit néces-