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ROMANS D’ANALYSE

Il faudra attendre 1930 pour assister à une reprise timide du genre avec des romans comme « L’Initiatrice » et « Le Feu intérieur » de Rex Desmarchais, « Dilettante » de Claude Robillard et quelques autres titres qui furent une première tentative de rupture avec les formules consacrées. De tels romans n’éveilleraient aujourd’hui aucun intérêt ; on sourirait de certaines naïvetés dans les premières œuvres de Desmarchais et on serait même tenté de hausser les épaules à leur seule mention ; mais c’est qu’on oublierait alors que, toutes proportions gardées, un Desmarchais, par exemple, se refusait à suivre les doctrinaires de l’époque. On sent qu’il est déjà à la recherche d’une formule de rajeunissement du roman. Il sut même se tirer avec beaucoup d’honneur de passes difficiles : écrivain consciencieux, à la langue claire et nette, au style un peu lent, sans doute, mais non sans vigueur sous ses aspects frêles, Desmarchais s’était taillé très jeune une place enviable dans notre littérature. Mais on dirait que ce romancier-poète n’est jamais parvenu à se défaire de son inexplicable timidité ; il hésitait à jeter ses personnages en pâture à son imagination, préférant les doter d’un halo de poésie qui allait jusqu’à en fausser la vraisemblance. C’est dans son