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ROMANS D’ANALYSE

et le placent plus près de nous par tous ses aspects. Fernand Richer aussi, tellement différent de Laurent, mais poursuivant avec lui le même rêve de liberté qui est celui de tous les hommes dignes de leur nom d’homme, Fernand Richer, tout comme Laurent, se retrouve par moment pantelant, sans force et prêt à tout lâcher. Il est uni à Laurent par cette même passion du métier, ce métier qu’il veut, lui aussi, grand, presque grandiose, parce qu’il est le métier par excellence permettant à l’homme d’exprimer le plus facilement cette liberté, cadeau par excellence que Dieu lui a donné pour affirmer sa royauté. Ce qui cependant le rapproche davantage de Laurent, c’est Michèle, petite femme livresque, qui veut sa part de vie entièrement vécue, mais qui y a bu trop tôt et trop vite et aussi avec trop d’avidité. Elle cherche l’homme, mais elle ne trouve que des hommes. Elle ne parviendra pas, et à cause de cela, peut-être, à s’attacher le seul homme qu’elle ait aimé.

Il y a sans doute, dans le roman d’Hamel, des situations qui gagneraient à être éclaircies, des caractères qui mériteraient d’être approfondis ; cela tient peut-être à la technique dont il se sert et lui fait éclairer tout son monde de l’intérieur, de l’intérieur de trois de ses personnages : Fernand, Michèle, Laurent. Son procédé n’est pas