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PERSPECTIVES

ceptibilités personnelles, tout entier au service de la grande cause littéraire. Si indulgent que l’on puisse être pour notre littérature encore à la recherche de sa voie, il faut tout de même faire comprendre à nos auteurs en herbe que le métier d’écrivain est un dur métier auquel on n’accède que par la porte étroite, en se pliant à certaines exigences dont la première est de savoir écrire. L’amitié d’un critique pour un écrivain, romancier ou poète, devrait, si elle avait à entrer en ligne de compte, se montrer surtout judicieuse ; il est important qu’il en soit ainsi au Canada français où tous se côtoient et font, presque tous, partie de la même confrérie du journalisme ; c’est le plus mauvais service à rendre à un ami que de flatter son amour-propre en lui cachant ses défauts, que rien, mieux que l’amitié, ne peut faire discerner.

Le fait dominant, celui que personne ne peut nier, c’est que, malgré toutes les réserves que l’on peut faire, nous assistons, aujourd’hui, à un éveil sensible dans notre littérature. Dans cette littérature, le roman, après avoir fait figure de parent pauvre derrière la poésie, conquiert sa place. Mais nous devons encore nous demander ce que nous cherchons dans notre roman, ce que nous attendons de lui ; il faudrait, pour cela, saisir la résul-