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PERSPECTIVES

chir notre personnalité. Or, par un paradoxe réellement inqualifiable, on trouve chez nous, principalement dans certains groupes qui se posent en nationalistes et en défenseurs de l’idée française en Amérique, une sourde animosité contre la France : tout ce qui se dit contre elle, tout ce qui peut infirmer ses positions, en un mot, tout ce qui est de nature à lui nuire et la diminuer, les comble d’aise.

Pourtant, si la France demeure, pour le monde entier, le pays où l’esprit se manifeste le plus librement, en dépit de tout ce qu’on pourra ou voudra écrire et dire, elle présente pour le Canadien français quelque chose de plus ; il existe une solidarité culturelle, née d’un héritage spirituel commun, plus solide encore et plus profonde que la solidarité que peuvent créer les hasards et artifices politiques. Il n’y a pas un Canadien français de culture moyenne qui refusera d’admettre qu’il se sent parfaitement chez lui à Paris, à Bruxelles ou à Genève, plus chez lui qu’à Toronto, tout comme le Suisse ou le Belge de culture française se sentira plus à l’aise dans un milieu culturel français qu’au cœur de la Suisse alémanique ou des Flandres. Et ceci soit dit sans vouloir porter atteinte au sentiment canadien, mais tout simplement pour sou-