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NOS PREMIERS ROMANS

de naissance du roman français au Canada ; cette œuvre inégale, remplie de longueurs, de dissertations et de hors d’œuvres, au style trop souvent pompeux, sinon artificiel sous un aspect de bonhomie qui se voudrait naturelle, on a, dans une certaine mesure, réussi à en faire une sorte de roman classique. On n’a pas paru comprendre le mauvais service qu’on rendait à nos lettres et, plus particulièrement, à notre roman. Je n’ai nulle envie d’exalter les quelques titres précédents ; je voudrais, tout simplement, rétablir les proportions. Ces derniers, dans l’ensemble, ne renferment ni plus ni moins de défauts que « Les Anciens Canadiens » ; mais ils contiennent sûrement autant de qualités. C’est pourquoi on s’explique mal l’espèce de mise sur piédestal de l’un et l’ostracisme quasi global des autres. De bonnes choses, ils en renferment tous, même si c’est sous la forme d’influences mal assimilées de Balzac — il semble bien qu’on lisait Balzac au Canada français vers 1850 — ou de Stendhal ; parfois un souci de ciselage et de perfection, malheureusement peu persévérant à la Flaubert ; mais on serait plus près de la vérité en évoquant Eugène Sue et, parfois, Dumas père.

On a aussi parlé de roman social ! « Charles Guérin » de Chauveau en serait un, à l’échelle bien entendu, du Canada français à cette époque.