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NOS PREMIERS ROMANS

Que l’on n’aille pas croire cependant que nos romans dit sociaux aient pu mettre en jeu des problèmes analogues à ceux que traitaient les romanciers contemporains de France ou des États-Unis ; on peut rappeler, si simpliste soit-il de le faire, que les problèmes dans l’orthodoxe province de Québec n’avaient aucun rapport avec le romantisme social en faveur sous la monarchie de Juillet, la Deuxième République ou le Second Empire ni avec les préoccupations de nos voisins du sud, aux prises avec la question esclavagiste. Nos écrivains étaient d’ailleurs mal préparés à s’intéresser à ces problèmes qui les touchaient à peine ; tout au plus, auraient-ils pu les évoquer dans leurs œuvres. Mais ils en étaient si mal informés ! Et puis on les aurait accusés de complaisance envers les influences étrangères, ce qui eut été mortel pour leur réputation. Il semble bien que personne n’ait voulu en courir le risque.

Mais, toutes proportions gardées, il y a dans « Charles Guérin », à travers une étude de mœurs, une allusion sociale. Chauveau nous fait assister à l’ébranlement du régime seigneurial ; son roman dégage une atmosphère aérée et l’on sent déjà chez lui des influences qui ne sont plus les seules influences étroitement nationales. Les chefs spirituels de la nation, endormis dans une douce quié-