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LIBÉRATION DU ROMAN PAYSAN

sait rien mais à qui elle s’est pourtant offerte dans le sens le plus complet et le plus charnel du mot. Il partira sans la posséder, sans avoir assouvi cet amour qui l’aura, elle, durement frappée. Elle est, cependant, atteinte dans son âme plus que dans son corps, profondément atteinte, jusqu’au désespoir que vient accroître la mise au ban dans laquelle, après sa famille, l’a reléguée le village tout entier. Une vieille originale, souffre-douleur des gamins du pays, l’arrachera à la mort où elle tente de se réfugier. Elle essaiera de revivre ; un autre marin, de chez elle celui-là, parviendra à l’émouvoir à nouveau ; elle aurait peut-être réussi à le retenir si elle avait consenti à la lutte ; mais déjà l’homme ne peut plus la satisfaire. Un hasard lui fait découvrir des livres saints dans une carcasse de navire échouée ; elle y trouvera la voie qui la conduira à Dieu : elle se consacrera désormais à l’ingrat métier d’institutrice de village, dans une soif ardente de dévouement expiatoire.

Ce dernier Desrosiers nous ouvre des perspectives nouvelles et annonce un auteur qui ne peut pas avoir dit son dernier mot.


RINGUET (LE Dr PHILIPPE PANNETON)

« Trente Arpents » restera, semble-t-il, le maître roman de ce médecin-homme de lettres. Il a