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Page:O'Leary - Le roman canadien-français, 1954.djvu/62

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LIBÉRATION DU ROMAN PAYSAN

écrit là une sorte de chef-d’œuvre d’un genre qu’il n’est pas parvenu à dépasser, malgré tous ses efforts. Il nous a également donné des contes, réunis sous le titre de « L’Héritage », qui sont parmi les meilleurs de chez nous avec « Contes pour un homme seul » de Thériault, et les très beaux contes de Pierre Dagenais. Il a également écrit une délicieuse fantaisie « Fausse Monnaie » que la critique a accueillie avec une injuste sévérité pour ne pas dire avec dédain, alors qu’elle a porté aux nues son « Poids du Jour » qui, malgré de sérieuses et solides qualités, n’en méritait pas tant.

Dans « Trente Arpents », la technique du roman demeure la même que chez Desrosiers : la forme narrative sans plus ; cette technique persiste d’ailleurs chez tous nos romanciers jusqu’au lendemain de la dernière guerre où nous verrons surgir les premiers essais d’un timide affranchissement des modes consacrés. Mais l’exploitation du thème paysan par Ringuet se traduit, dans ce roman, par une première et véritable rupture avec l’étroit régionalisme dont nous avions été affectés jusque là. Son père Moisan aime la terre pour elle-même et non parce qu’elle est canadienne : Euchariste Moisan est le type du paysan de tous les pays qui sait ce qu’il doit à la terre et qui,