Page:O’Neddy - Feu et Flamme, 1833.djvu/26

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— Les couvens, les manoirs, les forts, les cathédrales,
Déployèrent à l’envi leurs pompes sculpturales ; —
La muse sur la scène amenait tour-à-tour
Des manteaux, des poignards, du sang… et de l’amour.

Et tous, énamourés de cette poésie
Qui pleuvait sur leurs sens en larmes d’ambroisie,
Se livraient de plein cœur à l’oscillation
D’une vertigineuse hallucination.
Il y avait dans l’air comme une odeur magique
De moyen-âge, — arôme ardent et névralgique,
Qui se collait à l’ame, imprégnait le cerveau,
Et faisait serpenter des frissons sur la peau.
Les reliques d’armure aux murailles pendues
Stridaient d’une façon bizarre ; — les statues
Tressaillaient sourdement sur leurs socles de bois,
Prises qu’elles étaient de glorieux émois,
En se sentant frôler par les ailes sonores
Des strophes de métal, lyriques météores :