Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 1.djvu/115

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qu’il rejoigne ses frères. Cependant Joseph revenait de son service chez le roi ; ils lui offrent les présents et, comme il s’informait de leur père, ils lui dirent qu’il l’avaient laissé en bonne santé. Sachant ainsi qu’il vivait encore, il demande également, car il avait aperçu Benjamin, si c’était là leur plus jeune frère ; sur leur réponse affirmative, il s’écrie que Dieu veille sur toutes choses ; mais comme, dans son émotion, il allait pleurer, il se retire pour ne pas se trahir à ses frères ; puis il les convie à souper et on place leurs lits à table dans le même rang qu’ils occupaient chez leur père. Joseph les traite tous cordialement, en favorisant Benjamin d’une part doublet[1] de celle de ses voisins.

7[2]. Après le repas, quand ils furent allés dormir, il commanda à l’intendant de leur donner leurs mesures de blé, de cacher derechef dans leurs sacs l’argent destiné au paiement et de jeter, en outre, dans la charge de Benjamin la coupe d’argent où il avait coutume de boire ; il en usait ainsi pour éprouver[3] ses frères et savoir s’ils assisteraient Benjamin accusé de vol et en danger apparent, ou s’ils l’abandonneraient, satisfaits de leur propre innocence, pour s’en retourner chez leur père. L’intendant se conforme à ces instructions et, le lendemain, sans se douter de rien, les fils de Jacob s’en vont avec Syméon, doublement joyeux et d’avoir recouvré ce dernier et de pouvoir ramener Benjamin à leur père ainsi qu’ils s’y étaient engagés. Mais voici que des cavaliers les enveloppent, amenant avec eux le serviteur qui avait déposé la coupe dans le sac de Benjamin. Troublés de cette attaque inopinée des cavaliers, ils leur demandent pour quelle raison ils assaillent des hommes qui, peu de temps auparavant, avaient été honorés et traités en hôtes par le maître ; ceux-ci répondent en les traitant de misérables, qui, précisément, au lieu de conserver le souvenir de cette hospitalité

  1. L’Écriture dit quintuple (v. 34)
  2. Gen., XLIV, 1.
  3. Cette explication est analogue à celle que donne Philon, De Josepho, M., II, § 39, p. 74 : πάντα δ’ἦσαν ἀπόπεισαι,… πῶς ἔχουσι τοῦ τῆς χώρας ἐπιτρόπυ σκοποῦντας, εὐνοίας πρὸς ὁμομήτιον ἀδελφόν « Tout cela, c’étaient des épreuves pour voir quels sentiments les animaient, en présence du gouverneur du pays, à l’égard de son frère de même mère ».