Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 2.djvu/209

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acquiescé à leurs vœux : car ils estimaient que la bonté et la générosité devaient être choses de primesaut, surtout chez un jeune homme. 1l leur semblait toutefois que le seul fait de vouloir délibérer, et de ne pas refuser tout de suite, était de bon augure.

2. Ayant convoqué les amis de son père, il consulta avec eux sur la réponse à faire au peuple. Ceux-ci, comme il convenait à des gens bienveillants et connaissant l’âme des foules, lui conseillèrent de parler au peuple avec affabilité et d’une manière plus familière que ne le comporte le faste royal : c’était le moyen de s’en concilier les bonnes grâces, les sujets étant enclins d’instinct à aimer les rois qui montraient de la condescendance et s’abaissaient jusqu’à eux. Roboam repoussa cet avis, si excellent qu’il fût et malgré le profit qu’il en eût tiré peut-être pour toute sa vie, en tout cas à ce moment où il s’agissait de prendre le pouvoir. J’imagine que c’était Dieu qui le poussait ainsi à condamner ce qui pouvait lui être utile. Il fit venir les jeunes gens qui avaient été élevés avec lui, leur communiqua le conseil donné par les anciens et les invita à dire leur sentiment sur la conduite à tenir. Ceux-ci, que leur jeunesse et la volonté de Dieu empêchèrent de penser juste, engagèrent Roboam à répondre au peuple que le plus petit de ses doigts était plus épais que n’avaient été les reins de son père ; que s’ils avaient éprouvé la sévérité de Salomon, ils allaient trouver en lui une humeur beaucoup plus rude encore ; et que si son père les morigénait avec des fouets, il fallait s’attendre qu’il le fit, lui, avec des scorpions. Le roi fut enchanté de ces conseils et estima qu’une, telle réponse convenait à la dignité royale. Aussi, quand le peuple se fut assemblé pour l’écouter, au troisième jour, devant la foule en suspens, l’oreille ouverte aux paroles du roi et les imaginant bienveillantes, Roboam leur donna pour réponse l’avis des jeunes gens, dédaignant celui de ses amis. Une telle attitude lui était dictée par