Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 4.djvu/182

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lisait en même temps la lettre qu’Agrippa avait rédigée pour l’accuser. Or, Agrippa accusait Hérode d’avoir jadis conspiré contre le pouvoir de Tibère avec Séjan et de conspirer maintenant avec Artabane le Parthe contre le pouvoir de Caius. 251 Comme preuve à l’appui de ses dires, il indiquait que des armes pour soixante-dix mille fantassins se trouvaient dans l’arsenal d’Hérode. Ému par cette découverte, Caius demanda à Hérode si cette indication touchant les armes était vraie. 252 L’autre, qui ne pouvait dire le contraire, parce que la vérité était certaine, avoua, et Caius, ajoutant foi aux accusations de complot, le priva de sa tétrarchie, qu’il annexa au royaume d’Agrippa à qui il donna aussi la fortune d’Hérode, et il condamna celui-ci à l’exil perpétuel en lui imposant pour résidence Lyon, ville de Gaule. 253 Apprenant qu’Hérodiade était la sœur d’Agrippa, il lui assigna sa fortune personnelle et lui dit que son frère était le protecteur qui l’empêchait de partager le malheur de son mari. 254 Mais elle lui répondit : « C’est avec magnanimité et avec la dignité qui te convient, ô empereur, que tu parles ainsi, mais mon dévouement pour mon mari m’empêche de profiter de la faveur que tu m’accordes, car, ayant partagé son bonheur, je jugerais injuste de l’abandonner quand il est dans l’infortune. » 255 Caius, irrité par cet orgueil, l’exila aussi avec Hérode et donna ses biens propres à Agrippa. C’est ainsi que la haine d’Hérodiade contre son frère et la foi ajoutée par Hérode aux bavardages de sa femme furent châtiées par Dieu. 256 Quant à Caius, il administra les affaires de l’empire avec assez de grandeur d’âme pendant la première et la seconde années ; sa modération lui valut une grande popularité chez les Romains eux-mêmes et chez leurs sujets. Mais, avec le temps, il cessa de se regarder comme un homme, se divinisant lui-même à cause de la grandeur de sa puissance, et il en arriva à se conduire en tout sans respecter les dieux.