Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 4.djvu/186

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273 4. Telle était la situation quand Aristobule, frère du roi Agrippa, Helcias le Grand[1] et les principaux membres de la dynastie, avec les premiers citoyens, se rendirent auprès de Petronius pour le supplier, puisqu’il était témoin du zèle du peuple, de ne pas le pousser au désespoir 274 et d’écrire à Caius combien les Juifs avaient horreur d’accueillir la statue, comment ils s’abstenaient de cultiver pour manifester leur opposition, sans vouloir combattre, parce qu’ils ne le pouvaient pas, mais prêts à mourir avec joie plutôt que de transgresser leurs lois, et comment, si la terre n’était pas ensemencée, il y aurait des actes de brigandage par suite de l’impossibilité 275 de payer les impôts. Peut-être Caius se laisserait-il fléchir, au lieu de prendre une décision cruelle ou de penser à détruire complètement ce peuple ; mais s’il persistait dans son dessein présent de guerre, il n’aurait qu’à se charger lui-même de l’entreprise. 276 Voilà à quoi l’entourage d’Aristobule invitait Petronius. Celui-ci, d’une part, était pressé de toutes façons par l’entourage d’Aristobule, qui le suppliait pour des raisons importantes et se servait de tous les moyens pour le fléchir ; 277 d’autre part, il voyait la fermeté avec laquelle les Juifs lui résistaient, et il jugeait terrible d’infliger la mort à tant de milliers d’hommes par égard pour la folie de Caius, de considérer comme coupable leur piété envers Dieu et de se condamner ensuite à une vie pleine de remords. 278 Petronius jugea donc préférable d’annoncer à Caius que ces gens étaient intraitables, bien que sachant[2] que l’empereur serait irrité que l’on n’eût pas obéi à ses ordres sur le champ ; peut-être aussi le persuaderait-il. Si Caius persistait dans la même folie qu’auparavant, Petronius entamerait la guerre contre les Juifs ; si, au contraire, c’était contre lui que l’empereur tournait sa colère, il était beau pour un sectateur de la vertu de mourir pour une telle multitude d’hommes. Petronius décida donc de se laisser persuader par les paroles des suppliants.

279 5. Comme il avait convoqué les Juifs à Tibériade et qu’ils y

  1. Déjà cité au § 138 (mari de Cypros, petite fille d’Hérode le Grand).
  2. Nous complétons ainsi une lecture du texte.