Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 4.djvu/187

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étaient venus par dizaines de mille, il se plaça au milieu d’eux et leur fit savoir que l’expédition actuellement préparée ne l’était pas de sa propre volonté, mais sur l’ordre de l’empereur, qui voulait sur le champ et sans délai assouvir sa colère sur ceux qui avaient l’audace de désobéir à ses décisions ; il convenait qu’ayant été investi d’une telle mission il ne fît rien sans le consentement de l’empereur.

280 « Cependant, dit-il, je ne crois pas équitable de ne pas faire le sacrifice de ma sécurité et de ma charge pour que vous ne perdiez pas la vie, vous qui êtes si nombreux, qui servez vertueusement[1] votre loi, que vous croyez devoir défendre à tout prix parce que c’est celle de vos pères et qui, en tout, respectez la dignité et la puissance de votre Dieu dont je n’oserais pas voir le Temple abattu par l’insolence de maîtres tout puissants. 281 Je vais donc faire connaître à Caius vos résolutions en plaidant comme je le pourrai votre cause, afin de ne pas vous voir souffrir pour les bons arguments que vous avez présentés. Puissiez-vous avoir aussi l’aide de Dieu, car sa puissance est supérieure aux moyens et aux pouvoirs humains, et puisse-t-il vous accorder de garder vos coutumes ancestrales sans qu’aucune faute soit commise envers lui et sans qu’aucun dessein humain contraire à sa volonté le prive de ses honneurs habituels ! 282 Mais si Caius, exaspéré, tourne contre moi l’excès de sa colère, je supporterai tout danger et tout malheur qui accablera mon âme[2] et mon corps, plutôt que de vous voir perdus en si grand nombre pour des actions si justes. 283 Allez donc chacun à vos occupations et travaillez la terre. Pour ma part, je vais envoyer un message à Rome et je ne négligerai rien pour vous servir, tant personnellement qu’avec l’aide de mes amis. »

284 6. Après avoir dit cela, il renvoya l’assemblée des Juifs et demanda aux notables de s’occuper de l’agriculture et d’entretenir le peuple dans des espérances favorables. Tandis qu’il se hâtait ainsi de rendre courage à la foule, Dieu faisait connaître à Petronius sa

  1. διακονουμένων Hudsonδιακονούμενον codd.
  2. ψυχῇ WE ; τύχῃ AM.