Page:OC Flavius Josephe, trad. dir. Theodore Reinach, tome 4.djvu/197

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pouvoir d’en disposer, et parce qu’il jugeait que son désir d’elle était irrésistible. 343 Aussitôt donc son mari fut déclaré leur ennemi et il mourut[1] dans la bataille ; faite prisonnière, elle fut mariée à celui qui l’aimait. Mais ce ne fut pas sans grands malheurs pour Anilaios lui-même et aussi pour Asinaios que cette femme entra dans leur maison : ce fut à leur grand dam, et pour la cause que voici. 344 Une fois son mari mort et ayant été emmenée en captivité, elle dissimula les images des divinités ancestrales de son mari et les siennes — car c’est la coutume de tous les gens de cette région d’avoir dans leur maison des objets de culte et de les emporter quand ils voyagent à l’étranger — et elle emporta ainsi avec elle les coutumes religieuses de sa patrie. D’abord ce fut à l’insu de tous qu’elle pratiqua son culte ; mais une fois proclamée épouse, c’est comme autrefois et avec les mêmes cérémonies que du vivant de son premier époux qu’elle honorait ses dieux. 345 Alors les compagnons les plus estimés des frères leur firent d’abord des reproches parce qu’Anilaios n’agissait nullement en Hébreu ni de façon conforme à leurs lois en épousant une femme étrangère qui transgressait l’observance de leurs sacrifices et de leurs rites accoutumés ; il fallait donc prendre garde que, par une indulgence excessive pour les plaisirs des sens, il ne perdît l’autorité due à l’honneur et la puissance que Dieu avait fait croître jusqu’à maintenant. 346 Mais ils n’arrivaient à rien et même un des plus estimés fut tué par Anilaios pour avoir usé d’un langage trop libre. En mourant[2] par attachement aux lois, il souhaita que, pour venger son meurtre, Anilaios lui-même, Asinaios et tous leurs compagnons subissent une même fin sous les coups de leurs ennemis, 347 les uns parce qu’ils avaient pris l’initiative de transgresser les lois, les autres parce qu’ils n’étaient pas venus à son secours quand il était ainsi traité pour son respect des traditions. Ils en furent affligés, mais supportèrent cependant cela

  1. Texte très douteux : κτείνων κιτιῶν A ; κτιλλίων κιτίων M ; κτιλίων κιτίων W ; κτίνων Exc. Peiresc.
  2. ἀποθανών vel κτεινόμενος codd. ; θεώμενος A Niese.