Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/125

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Deux de ces vagabonds, amenés par Dingo, revinrent en effet… Ils revinrent une nuit d’hiver… une nuit qu’il n’y avait plus personne à la maison, et ils la cambriolèrent, de fond en comble… Dingo ne fut ni surpris ni indigné. Il avait, sur ces actes violents, d’autres idées que nous.

Et j’ai encore vu ceci :

Nous nous promenons, Dingo et moi, sur la route. La journée est lourde d’orage. La chaleur durcit la terre, brûle les herbes sur les berges et sur les talus. Les fleurs ont l’air de mourir, d’être mortes. Les plus robustes couchent leurs tiges amollies, leurs corolles refermées parmi les pierres. Aux arbres, les feuilles pendent desséchées, presque roussies. Une odeur de sable vitrifié circule dans l’atmosphère embrasée. On étouffe en marchant, comme dans un four de potier.

Le cantonnier qui épluche l’accotement avec son couteau, comme une salade, me dit :

— Le bain chauffe, monsieur… le bain chauffe…

Et Dingo, derrière moi, sur mes talons, la tête basse, haletant d’avoir trop couru, tire une langue très longue, très rouge, d’où tombent des gouttes de sueur.

Nous montons une côte raide, raboteuse, dont le sol rouge semble une coulée de fonte sous