Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/179

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M. Théophile Lagniaud ne parut point à cette scène et se barricada dans sa chambre. Dès qu’il avait entendu hurler les gens, le père Cornélius Fiston était parti en courant, pour les champs…

Le lendemain, au petit jour, le curé trouva Mme Joliton noyée dans la mare, près de l’église. Des grenouilles nageaient, sur l’eau bourbeuse, autour d’elle… Il se signa, comme pour appeler sur ce cadavre de suicidée — mais sans y croire — le pardon de Dieu et il s’en alla à toutes jambes prévenir le maire…

Comment Dingo connut-il la fuite de maître Anselme Joliton ?… Je n’en sais rien… Mais, sûrement, il la connut.

Ce beau jour-là, son agitation fut inhabituelle. Je remarquai qu’il avait dans la physionomie, l’attitude, les gestes, quelque chose d’important, de supérieur et en même temps quelque chose d’ironique et de fiévreux que je ne lui avais jamais vu. Il allait sans répit, de moi, qui tempêtais furieusement contre tous les notaires du monde, à la cuisinière, dont les économies avaient sombré dans la catastrophe… et qui pleurait sa misère, effondrée, au coin de la cuisine, sur une chaise, un panier de pois qu’elle n’écossait point, entre les jambes…

Et il ne cessait de nous parler…

Il me disait… il me disait certainement :