Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dire ce qu’on voudra… ce n’est pas un mauvais garçon…

Et comme au surplus malgré ses airs fendants, malgré les entêtements qui le prennent quelquefois sans raison, il est timide et ne sait pas se défendre, on lui repasse, pour le payer de ses journées, de ses services, de sa réputation douteuse, tous les mauvais sous, toutes les mauvaises pièces du pays. C’est peut-être à cette purification monétaire qu’il doit, en dépit des pires soupçons, de « n’être pas très mal vu » à Ponteilles…

Journalier de son état, Piscot va là où il y a de l’ouvrage, — du gros ouvrage, s’entend,  — car il le reconnaît avec bonne grâce, pour les travaux qui demandent de la finesse, il n’y a pas la main. Quinze jours chez l’un, huit jours chez l’autre, il attrape tout ce qu’il peut. Les opinions politiques et religieuses ne lui en imposent pas. Il les a toutes et successivement, selon les personnes qui l’emploient… Un jour, clérical, et, le lendemain, franc-maçon, cela ne l’embarrasse pas. Par exemple, les élections, voilà un bon temps pour Piscot. Vivent les élections !… Il promet sa voix à tous les candidats dont il distribue les bulletins et colle les affiches, mais il ne vote, honnêtement, que pour celui qui lui a donné le plus d’argent. Pas exigeant, du reste. Ces jours-là, dans les