Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/221

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mais il court… non seulement il court, mais il galope.

Au bout de trois mois, Piscot doit cent dix-sept francs, en plus du capital de neuf francs et des intérêts…

— Bon ! Bon ! se dit Toutlemal… Ça va bien… ça va bien…

Il sent que l’huissier est en verve et qu’il ne s’arrêtera plus…

Chaque fois qu’il reçoit du papier timbré, Piscot, sans même le regarder, sans se le faire lire ou expliquer par un voisin, le pose discrètement sur la cheminée où la pile bleue s’élève et grossit chaque jour. En montrant la pile aux gens qui viennent chez lui, il s’écrie dans un haussement d’épaules :

— Tenez !… regardez-moi ça… sont-y bêtes l… sont-y bêtes !

Il ne répond à aucune des convocations du juge de paix.

— Qu’ils s’arrangent, fait-il doucement… Moi, n’est-ce pas ? c’est bien simple… Je dois neuf francs… On me doit trois francs… Je ne sors pas de là…

Il est bien tranquille, quoique le juge de paix prenne jugement sur jugement contre Piscot.

On l’a saisi, parce que cela augmente les frais. On a renoncé à le vendre, parce que la maison et les meubles, si l’on peut dire, appartiennent, par