Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/226

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Ils montaient à califourchon sur son dos, avec une branche fleurie, dans leur main comme un fouet.

— Hue !… Hue ! criaient-ils…

Par farce, Dingo les renversait sous lui, les maintenait entre ses pattes et, les prenant à la gorge, il essayait, comme à Miche, d’engloutir leur tête dans sa gueule et, à force de les lécher, il nettoyait leurs mains noires et leur figure crasseuse…

Parfois, Miche venait assister à ces ébats sans y prendre part. Assise sur son derrière, elle regardait gravement toute cette joie bruyante et, de temps en temps, elle giflait, d’un coup de patte, un bourdon qui bourdonnait sur une touffe de trèfle rouge égaré dans la pelouse…

Sur le soir, la Piscote, les jambes cassées, le ventre plus lourd, venait chercher ses enfants. Émue d’abord de ce spectacle familial, elle disait de Dingo :

— Au moins, celui-là… ce n’est qu’un chien, mais il a du cœur.

Et comme les enfants s’attardaient, ne voulaient pas rentrer, criaient à Dingo : « Encore ! Encore ! » elle les bousculait brutalement et finissait par les rouer de coups, en glapissant :

— Sale vermine… voulez-vous rentrer ? Mais Dingo mettait vite un terme à cette explosion d’autorité maternelle. Une fois, il la mordit à la