Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/240

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— On aura raison, après tout… Je ne sais pas pourquoi je m’occupe de ces bêtises-là… Vraiment, ce n’est pas une ambition bien noble… Je me la reproche souvent… Ah ! si je n’avais pas de famille !… Ce que j’en fais, c’est pour ma famille, vous le sentez bien…

Mme Legrel ne se résignait pas aussi facilement que son mari. Elle avait pour lui une tendresse exaltée, une admiration véhémente, excessive…

— Non… non… s’écriait-elle… Tu dois persister… Tu le dois pour toi-même… pour ta fille et pour moi… pour tes amis, si vaillants… pour la science !

— Mais la science n’a rien à voir là-dedans, ma chérie…

Mme Legrel sursautait.

— Comment ? elle n’a rien à voir là-dedans !… Comment !… tu ne serais pas de l’Académie, toi ?… Mais songe donc !… C’est impossible… Je te dis que ce serait trop scandaleux…

Et, s’adressant à moi, pour m’entraîner dans la complicité de ses protestations :

— N’est-ce pas ?… Il faut qu’il en soit… Dites-le lui, vous… Il le faut à tout prix… Seulement, voilà… il ne sait pas s’y prendre… Il ne sait rien faire pour cela… Quel homme !… Moi, non plus, d’ailleurs… Oh ! ce n’est pas indifférence, vous