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mon ami, cette parole de sir Edward Herpett : « … Ah ! vous savez, mon cher… la jalousie des savants !… »

À l’exception de sa femme, chargée du soin glorieux d’en faire le ménage tous les matins, personne n’entrait jamais, pas même ses jeunes disciples, dans le laboratoire de Legrel : un grenier transformé en une vaste pièce, très claire, meublé de vitrines, les unes contenant des appareils, des instruments de toute sorte, les autres des collections d’insectes, de minéraux, d’escargots préhistoriques recueillis dans le pays. Une bibliothèque garnissait les murs de gros livres et d’épais dossiers, classés dans des chemises de parchemin étiquetées avec soin par Mme Legrel. Puis, çà et là, des estampes coloriées, des moulages, représentant, grossis au microscope, les systèmes vasculaires et nerveux d’insectes rares… Une table de verre, qu’on appelait « la table opératoire », chargée de microscopes, de trousses, de bocaux avec des liquides colorés, occupait le milieu de la pièce, sous une verrière pratiquée dans le plafond et garnie d’un vélum transparent. C’est là qu’il disséquait, qu’il vivisectait ses petites bêtes.

— Si vous pouviez le voir découper une fourmi ou un puceron !… C’est admirable… s’extasiait Mme Legrel… Et, chose curieuse… à table, il ne