Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/277

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ah ! notre retour avec Dingo qui, assis sur les coussins de la voiture en face de nous, froidement, sans remords, se léchait le poitrail, où des gouttes de sang était restées.

Nous ne reçûmes pas la lettre promise. Et ce dimanche-là nous n’allâmes pas chez les Legrel. Nous n’y sommes jamais plus allés…

J’ai rencontré Legrel bien des fois depuis cette journée fatale… Il est toujours aimable et gentil. Il m’accueille avec la même cordialité. Mais, je le sens, c’est fini… Quelque chose de nous est mort avec le mouton de M. John Lubbock.

Irène s’est mariée, il y a six mois. Je l’ai appris par les journaux… Elle a épousé un jeune savant du plus grand avenir, un naturaliste qui a déjà publié un ouvrage très remarquable et qui a fait sensation : « Manuel théorique et pratique de la digestion du cafard (blatta orientalis) ». Nous n’avons pas été invités à son mariage, un beau mariage pourtant, dont M. Perrier, qui était l’un des témoins, a dit plaisamment que c’était le mariage du cafard et de l’araignée.