Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/276

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main qu’une seule… Et dans quel état ! Grand Dieu !… Elles s’étaient toutes entredévorées…

Je crus qu’il allait conclure par sa phrase sur la nature. Il me l’épargna.

Je voulus abréger notre visite. Ce fut en vain qu’ils insistèrent pour nous retenir à dîner. Je ne pouvais plus vivre, en face de ces excellentes gens, à qui je venais de causer une telle affliction et qui par surcroît s’en excusaient.

Au moment de partir, Legrel me demanda, pour bien me prouver qu’il ne me tenait pas rigueur de la mort du mouton :

— Alors ?… Quand revenez-vous ?… On se voit si peu… Voyons… dimanche… Ça vous va-t-il ?… Nous comptons sur vous, dimanche… Est-ce dit ?

Il me fallut bien accepter. Legrel voulut mettre le comble à ses bonnes grâces :

— Et je vous montrerai mon laboratoire… si cela peut vous intéresser… Il est assez curieux…

Tâchant de sourire, il ajouta :

— Par exemple… je ne vous promets pas les araignées… D’ici dimanche, elles se seront peut-être toutes mangées… À dimanche.

— À dimanche, confirma Mme Legrel… D’ailleurs, on vous écrira pour que vous n’oubliiez pas.