Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/280

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— Les dindons, eux… ah ! je ne sais pas comment… ont échappé au massacre… Ils se sont ensauvés dans le bois… Ils perchent dans les arbres… bon !… Mais…

Il prit un temps, secoua la tête et il dit encore :

— Si ce n’est pas pour aujourd’hui… allez, ce sera pour demain… Que monsieur vienne avec nous… Il faut que monsieur voie comment son chien travaille… Ah ! il travaille bien, là !…

Il ouvrit la portière, m’aida à descendre et m’entraîna vers la basse-cour. En dépit de ma mauvaise humeur, je subissais l’autorité évidente de cet homme.

Il marchait très vite ; j’avais peine à le suivre. Son sécateur et sa serpette faisaient en se heurtant dans la poche de son tablier un petit bruit qui m’agaçait. Des arbres voisins, les paons vinrent s’abattre autour de nous, et se mirent à nous suivre, en cortège.

— Tenez… fit-il, c’est comme ceux-là… Ah ! il n’en ont pas pour longtemps…

Certes, je ne pensais pas à innocenter Dingo complètement, mais j’étais bien décidé aussi à ce que cet insupportable Thuvin eût sa part — la plus grande part — dans ce drame dont j’ignorais encore les péripéties.

Je le réprimandai sévèrement, au hasard :