Mais Dingo se leva sans hâte, se dirigea vers le petit mur du fond, qui donnait sur le bois et le franchissant d’un bond léger, il disparut sous les feuilles, dans le taillis.
— Monsieur voit… dit Thuvin… Les portes… les murs… Monsieur voit… il s’en fout…
— Tout cela est de votre faute… répliquai-je… Désormais, je vous engage à faire attention…
Et je pris congé du jardinier, en lui tournant le dos grossièrement.
Ce soir-là, Dingo ne rentra pas à la maison. Je sus qu’il avait passé toute la nuit à rôder autour des sapins, où les dindons s’étaient perchés.
Deux jours après, le jardinier vint encore au-devant de moi. Il s’arrachait les cheveux de colère et de douleur.
— Les dindons, monsieur !… Ah ! je l’avais dit à monsieur… tous, tous, tous !… Et les paons !… nos paons si beaux !… tous, tous, tous !… C’est à vous crever le cœur… Et mes lapins de Sibérie… les pauvres petits lapins blancs, que monsieur m’avait donnés… tous, tous, tous !…
— Que voulez-vous que j’y fasse ? me contentai-je de répondre.
Et je le laissai à ses lamentations. D’ailleurs, je commençais à m’y faire, je commençais à m’habituer aux crimes de Dingo.