Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/297

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— Eh bien ? dis-je… Votre idée, mon cher maire ?

— Ah ! Oui… c’est juste… Eh bien voilà ce que c’est… Nous allons avoir dans un mois et demi la distribution des prix, à notre École… Oui… j’ai pensé… et je puis vous le dire… le Conseil municipal a pensé… nous avons tous pensé… vous comprenez ?… Enfin, nous serions heureux si vous vouliez bien présider cette petite solennité laïque…

Il appuya sur le mot, en le répétant :

— Laïque… remarquez… laïque… tout ce qu’il y a de plus laïque… Et en outre si vous vouliez prononcer, à cette occasion, un de ces discours… un de ces discours…

Ne trouvant pas d’épithète assez forte, pour qualifier comme il convenait ce discours futur, il se frotta les mains vigoureusement, comme s’il avait des joies immenses en perspective…

— Oui… Oui… un de ces discours… mettons, pour ne pas être trop gourmands… une allocution… une de ces allocutions… comme vous seul… Ah ! cher monsieur, quel plaisir !… Quel honneur pour nous !… J’insiste encore, sur le caractère de la solennité… tout ce qu’il y a de plus laïque…

Il ajouta, en s’inclinant légèrement :

— La population tout entière, dont je suis ici