Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/326

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qui à leur tour s’évanouirent dans une rapide plongée aérienne.

— Petite imbécile ! dit Dingo.

— C’est de ta faute, répondit Miche qui, un peu confuse et vexée et, surtout, boudant, s’éloigna de Dingo et feignit de s’intéresser vivement à une grosse chenille brune qui passait.

Ils s’en allèrent penauds et un peu vite.

Miche s’attarda bien encore au long du chemin. Cette fois, ce ne fut pas pour taquiner Dingo de sa coquetterie et de ses petites farces. Elle était vraiment très fatiguée, très agacée, énervée surtout par les émotions de cette sotte journée. Ses nerfs vibraient jusqu’à lui arracher de petits cris. Et puis elle ne pouvait pas, réellement, marcher du train dont la menait Dingo, qui ne savait pas mesurer la force des autres et qui croyait que tout le monde était aussi infatigable que lui ; si bien que Miche se sentit, tout d’un coup, très mal à l’aise. Tout se mit à tourner en elle, autour d’elle et, perdant conscience, elle se tordit dans l’herbe, en proie à de violentes convulsions, l’écume aux dents.

Dingo ne savait que faire. Il s’affola. En quelques bonds il fut à la maison, n’y trouva que la cuisinière à qui, la tirant par son tablier, il se mit à raconter toutes sortes de choses compliquées, que celle-ci ne comprit pas.