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paresse de Miche le mettaient hors de lui. Il en perdait ses moyens.

— C’est vrai, pensa-t-il… Elle ne prend jamais les choses au sérieux.

Il sacrifia donc assez facilement sa vanité blessée et son inutile prestige de professeur.

— Eh bien, c’est entendu, dit-il… Par exemple, je ne sais pas comment tu t’en tireras toute seule, ma pauvre petite. Mais, puisque tu le veux !… Il va de soi que, quand tu auras besoin de moi…

Très tendre, il ajouta :

— On se verra tout de même le soir… et quand on restera à la maison, hein ?

— Tiens !… Bien sûr…

Jamais elle n’eut pour lui tant de gentillesses, tant de grâce enveloppante et gamine. Ce fut au point que Dingo un peu grisé, oubliant sa race, tenta quelques gestes trop hardis, disproportionnés à la taille de Miche.

— Ah ! non ! Ça, non ! fit Miche, choquée sans doute, mais au fond égayée par ce brusque retour de la contre-nature.

À partir de ce jour, elle s’absenta souvent. Souvent, elle passait la nuit dehors et ne rentrait qu’au petit matin, mouillée de rosée, un peu lasse et défaite. Où allait-elle ? Que faisait-elle ?

Les chats ne sont pas vantards, comme les