Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/337

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encore… Mais de le vendre… c’est plus délinquant. » Ma foi, on a ri… Ça fait que je lui ai rabattu cinq sous… Je les ai laissés pour dix sous pièce… Il était bien content, car en ce moment il a son neveu et sa nièce de Paris… Oui, monsieur, cinq perdreaux !…

— Mais c’est effrayant !

— Et les lièvres, donc !… Il les prend à la course les lièvres, et rondement… Ça ne traîne pas… Un vrai plaisir que de le voir après un lièvre !… Des lièvres, il n’y en a pas non plus… Pour tout dire, il n’y a pus rien de rien… Ah ! c’est un chien épatant !

J’étais devenu soucieux. Tout était donc à recommencer. Une sorte de lassitude, de découragement, m’envahissait l’âme. Et je gémis :

— Allons, bon !… Allons, bon !

Je revis le village en rumeur, les foules menaçantes, les procès, les chantages et les seins débordés de Mme Irma Pouillaud. Après un petit silence, je soupirai :

— Ils sont furieux, hein ?…

— Furieux ? s’écria Piscot, en pouffant de rire… Faut voir ça !… Non !… Songez donc… Ils avaient déjà fabriqué leurs cartouches… et, je crois bien, le diable m’emporte, graissé leurs bottes… Y’ne causaient que de la chasse… Ils se promettaient un bon temps… Et puis, va t’prome-