Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/338

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ner, pus rien. La compagnie de vingt-deux… il faudra qu’ils aillent la lever dans le ventre du maire !

Piscot continuait de rire.

— Hier, poursuivit-il, sans remarquer ma mélancolie, c’était à payer sa place… Ici, vous savez… ils ont une société de chasse… Et des embarras… je vous demande un peu… Tout comme des marquis. Monsieur… Et sévères au pauv’monde ! C’est rien de le dire… C’est Jaulin qui est le président… le trésorier… je ne sais pas, moi…, qui est tout, quoi !… Hier soir, ils se sont réunis chez lui… Y’en a qu’étaient venus enquêter déjà. Nicolas Fourbi, lui, avait sa carnassière… Ah ! ils en ont dit des paroles et des paroles…

— Enfin que s’est-il passé ?

Piscot avait confiance en moi et puis il savait bien que je le récompenserais de ses informations.

— Y en a qui ont dit qu’il fallait vous dénoncer au sous-préfet. Ça été plutôt froid. L’sous-préfet… ils n’ont pas confiance… Y en a un qui a dit qu’il fallait mieux tuer vot’chien !… Ça, ç’a été bien accueilli : « Oui. Oui, qui z’ont tous dit… il faut le tuer, il faut le tuer. »

S’interrompant, malicieusement, il observa :

— Dame, écoutez donc… ça leur ferait toujours une pièce de gibier.