Page:Octave Mirbeau - Dingo - Fasquelle 1913.djvu/34

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ce fameux diplodocus devenu, ainsi qu’un tableau de M. Cormon ou une statue de M. Frémiet, un vulgaire objet de musée ?… C’était bien la peine qu’ils aient été une si prodigieuse mystification de la nature ! Heureusement, il nous reste encore quelques survivances humaines, sur lesquelles nous pouvons étudier avec fruit les formes de la Préhistoire. Heureusement aussi, — et mon désir de vous plaire s’en exalte, — tout cela donne du prix au dingo que je vous envoie. Élevez-le bien, surveillez-le bien, étudiez-le bien, gardez-le bien et aimez-moi ! »

Pour ne pas me laisser sur une impression trop triste, ce délicat mais prolixe ami plaçait ici, ingénieusement, un souvenir qui vous amusera :

« Cela me rappelle ce chien sauvage de l’Alaska… vous savez, ces chiens trapus, touffus, tout noirs, dont le pelage est huileux et laineux et dont l’encolure épaisse se recourbe comme celle des chevaux frisons. Les connaissez-vous ? J’en sais peu d’aussi sympathiques et industrieux. Je ne suis pas très sûr que ces chiens soient tout à fait sauvages, mais j’affirme qu’ils sont tout à fait des chiens, aucun Congrès n’ayant jusqu’ici décidé qu’ils puissent être autres. Curieuse particularité anatomique, on remarque à la jointure postérieure des os de leur crâne un énorme muscle bombant, extrêmement mobile, qui se tend, se